- SHORTUGAÏ
- SHORTUGAÏSHORTUGAÏÉtablissement proto-historique (\SHORTUGAÏ IIIe-\SHORTUGAÏ IIe millénaires) découvert en 1975, Shortugaï a été fouillé de 1976 à 1979 par la Délégation archéologique française en Afghanistan. Il est situé à l’extrémité orientale de l’ancienne Bactriane, dans l’actuelle province afghane de Takhar, à vingt kilomètres au nord de la ville gréco-bactrienne d’Aï Khanoum et dans la même petite plaine (300 km2) que délimitent l’Amou-Daria (l’ancien Oxus), son affluent la Qoq face="EU Caron" カa et les collines de piémont du Badaxšan. Cet établissement, quoique peu étendu en surface, est la première manifestation connue d’une colonisation, par la civilisation de l’Indus, des régions situées au nord de la chaîne de l’Hindou-Kouch.Le site se compose de deux buttes éloignées d’une centaine de mètres l’une de l’autre. La première de ces buttes (8,5 ha environ) renferme, sur une épaisseur de trois mètres et demi, les vestiges les plus anciens surmontés des couches de périodes plus récentes. La seconde butte (12 ha environ) n’est composée que des ruines des périodes récentes, sur une épaisseur de deux mètres.Dans les couches anciennes, la céramique, monochrome ou peinte en noir sur fond rouge, les briques des murs, les perles de pierre semi-précieuse et de faïence appartiennent exclusivement à la période d’épanouissement de la civilisation de l’Indus (\SHORTUGAÏ 2500-\SHORTUGAÏ 2000). Cette installation de la civilisation de l’Indus sur les bords du lointain Oxus repose sur la mise en place d’un réseau d’irrigation dont la fouille a mis les vestiges en évidence. La métallurgie de l’or, du cuivre, du plomb, la taille du lapis-lazuli, de la cornaline, de l’agate, minéraux extraits de l’Hindou-Kouch, constituaient une part importante de l’activité des colons indiens. Des graffiti en écriture de l’Indus, trouvés sur des jarres tournées sur place, montrent que les colons de Bactriane n’ignoraient rien de la culture de leur métropole.Vers la fin du \SHORTUGAÏ IIIe millénaire, Shortugaï sort de l’orbite indienne et développe une culture originale qui est à la fois héritière de celle de l’Indus et parente de la culture centre-asiatique de Biškent (république du Tadjikistan). Au cours de cette seconde phase, certaines activités artisanales paraissent en déclin (poterie, bijouterie), et l’économie de l’établissement semble prendre un tour plus rural et se concentrer sur l’exploitation des ressources naturelles du milieu proche. L’habitat se déplace d’une centaine de mètres, puis le site est abandonné pour des raisons qui nous échappent. Enfin, des tombes appartenant en propre à la culture de Biškent sont creusées dans les ruines.Avec Shortugaï, c’est non seulement une petite plaine, mais aussi probablement une grande partie de la Bactriane orientale qui entrent dans le «concert» des civilisations de l’ancien Orient de la fin du \SHORTUGAÏ IIIe millénaire. À l’occident de la civilisation de l’Indus, on rencontre des civilisations proto-urbaines contemporaines, mais distinctes, en Turkménie, au Séistan, en Iran et dans une région toute proche de Shortugaï, la Bactriane occidentale (sites de Dachlitépé près de Balkh, de Sapalli-tépé près de Termez). L’ensemble des sites de la région de Balkh (Afghanistan), de la région de Termez (Ouzbékistan) et celle de Merv (Turkménistan) constitue ce que l’on appelle désormais la civilisation de l’Oxus. Ces civilisations jalonnent les routes transcontinentales où s’échangent, de la Mésopotamie à l’Inde, les métaux, les pierres et sans doute les produits agricoles. C’est par l’existence de tels contacts, commerciaux autant que politiques, que l’on peut tenter d’expliquer la présence de la civilisation de l’Indus au nord de l’Hindou-Kouch. Le déclin des civilisations proto-urbaines au début du \SHORTUGAÏ IIe millénaire est quasi général dans toute l’Asie moyenne, et le repliement observé à Shortugaï est, en ce sens, normal. En revanche, il est étonnant de voir cette région de la Bactriane orientale se distinguer si nettement et de façon si durable de la Bactriane occidentale voisine pour se rattacher d’abord à l’Inde, puis à la Sogdiane. De même, l’irrigation, élément indispensable à la vie de vastes communautés humaines dans ces régions, revêt à Shortugaï un aspect unique et très élaboré, puisque les eaux, prises dans le lit encaissé de la Qoq face="EU Caron" カa, courent sur une vingtaine de kilomètres avant d’irriguer le site, permettant ainsi le peuplement de toute la plaine. Cette technicité est hors de pair à si haute époque dans cette partie de l’Asie où l’on irrigue principalement par la capture de bras de rivières qui se perdent naturellement dans les terres ou par la dérivation partielle de crues. Après l’arrêt des fouilles, la publication finale est parue en 1989, sous la direction de H. P. Francfort, Fouilles de Shortugaï, recherches sur l’Asie centrale protohistorique .
Encyclopédie Universelle. 2012.